an unexpected encounter (diana)

Voilà près de trois jours que tu n’avais pas fermé l’oeil. Obsession constante pour les phénomènes étranges et dimensionnels ayant apparus autant que pour en comprendre les origines et les manifestations, une réalité qui ne faisait que se mêler à ta traque perpétuelle du crime à travers les rues de Gotham. La criminalité ne baissait jamais dans cette métropole gangrénée par la misère et la corruption. L’ouverture de ces passages vers d’autres mondes et d’autres réalités n’avait clairement pas calmer le jeu en la matière. Le bat-signal ne cessait d’être constamment allumé et tu ne faisais que voler de toit en toit, rouler de rue en rue et te répandre de crime en crime pour apporter un tant soit peu de paix et de protection à la population. Cercle aliénant qui ne cesse de se répéter sans que la source véritable du mal ne soit jamais réellement enraillée. Paradoxe de ta richesse que tu ne mets pas entièrement dans les mains de Gotham afin d’en relever son économie et sauver sa population. Des parties en partent dans l’une ou l’autre oeuvre de bienfaisance mais tu restes seul dans l’oisiveté de ta richesse familiale tout en agissant en conséquence de ce traumatisme causé par la mort de tes parents. Pour cela, tu ne pouvais te permettre un quelconque repos. Tu ne pouvais aucunement t’autoriser un seul instant de pause. Car tu t’en empêchais. Car ton côté Bruce laissait davantage les missions et les responsabilités de Batman prendre le dessus. Parce qu’en dehors de ton fidèle ami et majordome, tu n’avais que ça : ta croisade. Spectateur passif d’une vie civile qui passe et s’écoule en attendant de remettre le masque. Tu n’es plus Bruce depuis bien longtemps en réalité… À quoi cela servirait-il de toute manière? Tu es crains et tu es efficace en tant que Batman, non en tant que dernier et ultime héritier des Wayne. Un choix se devait d’être fait. Ta décision était prise et résolue depuis si longtemps déjà…

Néanmoins, l’homme et son corps ont des limites que tu ne peux éternellement repoussé. La fatigue physique et l’épuisement mental te contraigne à regagner ta chambre. Aucune menace à l’ampleur d’un Joker ou d’un Pingouin ne courait les rues de Gotham en ce moment. T’accorder quelques heures de répit se voulait donc aussi envisageable que vitalement nécessaire. Il ne te faut d’ailleurs pas longtemps pour que ton corps écroulé sur les draps ne plongent dans les ténèbres sur lesquelles peut veiller secrètement Morphée. L’obscurité envahit ton regard. Une chaleur confortable t’emporte. Tes membres épuisés et endoloris taisent leur frustration. Un repos momentané du guerrier. Un repos inespéré et très certainement mérité…

La journée s’écoule sans que tu n’en vois le moindre rayon de soleil finalement. Ce n’est qu’une fois le crépuscule prenant naissance dans la lourdeur d’un ciel nuageux que ta main vient frotter tes yeux avec pénibilité. Tu as cette étrange sensation d’avoir dormi une dizaine d’heures et seulement d’avoir cligner les yeux une unique fois à la fois. On prétend que ce sont les sommeils les plus réparateurs qui ont cet effet… Pour ta part, ce n’est qu’une sensation extrêmement désagréable dont tu tentes avec difficulté de te débarrasser à l’aide d’une bonne douche salvatrice. Heureusement peux-tu compter sur la prévenance d’un Alfred à même d’anticiper les moindres éléments nécessaires à ton bien-être. Café. De quoi ‘déjeuner’ malgré l’heure tardive, ainsi qu’un ensemble de vêtements propre et déjà prêt à l’emploi. Quand tu dis que tu ne trouvais pas ses chaussettes sans lui, tu n’étais parfois pas si loin du compte…!

“Rien à signaler, Alfred?”

Demandes-tu en venant te rendre à la fenêtre de l’une des pièces servant de séjour, tasse de café à la main, guettant la potentielle présence du signal. Le ciel en était dépourvu pendant qu’Alfred reprenait tes affaires ‘usagées’.

“Gotham demeure Gotham, le journal télévisé se prélasse encore et toujours dans ses programmes à l’intelligence discutable et aucun individu dément, difforme ou d’une quelconque fantaisie inexplicable n’a été répertoriée, maître Bruce.”

Ton laconique pour ce majordome et cet ami qui préférait mille fois te voir gaspiller ton temps et ton énergie à un mode de vie certainement moins contraignant et beaucoup plus heureux. Mais sa loyauté sans faille surpassait toujours ses doutes et ses contrariétés à ton sujet.

“Mais je présume que cela n’est pas pour vous rassurer pour autant, n’est-ce pas?”

Un petit son d’ironie franchit la paroi de tes lèvres alors que tu reposes la tasse de café sur sa soucoupe.

“Non… Et je ne serai pas rassuré tant que nous ne comprendrons pas ce qui se passe, ni d’où ça provient…”

Tu n’as pas le temps de tourner vers l’une des tables ou l’un des meubles de la pièce qu’Alfred arrive déjà avec un plateau pour récupérer ladite tasse sur sa soucoupe.

“Hm, merci Alfred. Je descends à la bat-cave.”

Un simple hochement de tête de ton ainé est offert en guise de réponse. Et de toute façon, tu ne t’inquiètes pas de formalités supplémentaires pour regagner l’un des nombreux passages du manoir qui te permet de rapidement regagner les fondations mêmes de la demeure familiale. Caverne ténébreuse. Grotte abyssale. Lieu d’analyse, de bricolage et de vie pour ton alter-égo et où tu passais dernièrement davantage de temps que dans le confort du véritable manoir. Toutefois, à peine as-tu le temps de franchir les dernières marches que tu sens une odeur, une fragrance, une forme de parfum léger mais inhabituel. C’est plus diffus que réellement fort. Juste cette petite caresse nasale qui te fait froncer les sourcils plus qu’ils ne peuvent l’être au naturel.

“Qui que vous soyez, je vous conseille vivement de ne plus faire un pas…”

Sommes-tu d’une voix calme, posée, sèche et teintée d’une sévérité aisément perceptible. Ton visage ne montre aucun signe d’engagement amical ou compatissant face à cette silhouette féminine et inconnue qui se dresse au beau milieu de ton repaire.

“...qu’importe ce que vous êtes, et d’où vous venez.”

Accentues-tu en venant baisser un levier qui amène de l’éclairage dans ton antre, offrant une vision plus éclairée des lieux et des profondes crevasses entourant chaque portion de terrain aménagé par tes soins.

Regard perdu, échoué sur un horizon particulier et inquiétant. Bras croisés, reposés sous la poitrine, le souffle de ta respiration est calme. Les sourcils sont froncés. Les interrogations fussent à l’intérieur de ton esprit. Au fond de ton être, tu as cette étrange sensation qui ne te quitte plus depuis cet épisode, depuis cet événement. La perte du plus grand espoir de l’Humanité. Cet espoir régnait en lui. Il n’est pas utile de le connaître pour ressentir, deviner à quel point chaque habitant peuplant cette planète avait besoin d’un guide, d’une lueur d’espoir, aussi minime puisse-t-il être. Il est cette personne qui aurait pu faire la différence, même auprès de ton peuple. Peuple que tu n’as plus revu depuis que tu as quitté ces terres pour suivre le défunt amour de ta vie dans cette contrée respirant la corruption. Superman. Il a donné sa vie pour sauver son monde… pour sauver la personne qu’il aimait le plus. Comment ne pas être touché par un acte aussi courageux et aussi précieux? Sans doute aurait-il eu d’autres solutions pour éviter qu’il ne le paie de sa vie. Tu es une amazone. Tu es une guerrière. Tu as été entraînée durant des millénaires pour affronter des créatures aussi puissants et dangereux que l’être de la destruction. Tu en as combattu tellement avant l’arrivée de cette créature sur les terres américaines. Ton âme de combattante est en colère de ne pas avoir été cette clé afin de permettre une entrée fracassante d’une lumière libératrice et salvatrice. Ton âme de femme, ton âme de soeur, de partenaire est juste touchée, attristée, mélancolique du drame commis. Cet incident monstrueux et dramatique n’a quitté un seul instant ton esprit. Il te guide. Il te motive. Il te motive à ne pas détourner les talons. Il te motive à ne pas laisser le chagrin, toutes ces émotions négatives prendre part de ton âme et t’égarer, de nouveau, du monde des hommes. Malgré tout, demeures-tu en retrait. Malgré le fait que Wonder Woman continue d’agir ça et là afin de prêter mains fortes, de secourir, d’aider tant les plus faibles que les plus valeureux dans le corps des forces de l’ordre, tu agis toujours en solitaire. Voyageuse solitaire éternelle qui préfère ne pas s’accorder d’attaches afin de ne pas souffrir une nouvelle fois. Et pourtant…

Bruce Wayne. Il vous a accompagné, avec Superman, dans cette lutte démentielle face à Doomsday. Malgré cette attitude agressive et brutale qu’il peut avoir lorsqu’il combat, il est cet homme envers lequel tu as su placer une confiance que nul autre ne peut vous enlever. Autant l’un que l’autre, le respect est mutuel et profond. S’il était encore de notre monde, vous auriez formé une superbe équipe. Tu le sais. Cela ne fait aucun doute. Le deuil de l’Homme d’Acier est difficile pour tout le monde. Insurmontable et rude pour sa fiancée, profond et difficile pour celui se faisant appeler le Chevalier Noir. C’est plus qu’un simple respect qui a régné entre eux deux, tu sens, dans chaque parole que peut prononcer Bruce à son égard, qu’une véritable amitié s’est installée entre eux, même s’ils ne se sont pas connus très longuement. Il est important de rappeler à quel point cette perte ne doit pas supprimer cette lueur d’espoir qui règne naturellement en chacun de nous. Même si elle se veut discrète et silencieuse, elle est là. Il s’agit également de ton rôle et de l’image que tu insuffles aux êtres vivants de montrer que l’espoir perdure toujours.

L’horizon est lugubre. Tes pensées bifurquent vers ton peuple, Themyscira, Mère et tes sœurs. Soudainement, malgré leur manque qui te fait de plus en plus ressentir, tu as peur pour elles. Tu ressens cette peur que le mal puisse sévir de nouveau. Le mal n’a pas besoin d’un dieu pour se dévoiler et montrer l’intensité totale de toutes ses compétences. Tu le sais désormais. Froid dans le dos, tu te frottes doucement les bras dénudés de tissus avant de relâcher la pression et de tourner lentement le visage vers ta droite. Un fin sourire esquisse le rosé de tes lippes. « Depuis quand te permets-tu d’entrer sans aucune invitation…? » Le corps pivoté, ton regard se pose et se plonge dans le creux des iris de Bruce, se dressant devant toi. « Depuis que je sais que je peux venir sans avoir besoin d’une… » Voix rauque, puissante, mais calme à la fois, vous vous rapprochez. Tes pas bifurquent vers une table ornant un living spacieux et judicieusement bien décoré, sans trop d’artifices. « Je sais pourquoi tu es là, Bruce… » Il n’est pas dupe. Il semble être à la fois ravi et inquiet de cette réponse. Vous prenez place autour de la table. « J’ignore la gravité de la situation… Je sens également des forces obscures survenir de loin. Il faut qu’on obtienne des réponses pour y voir plus clair… », souffles-tu dans un ton qui se veut le plus apaisant possible, sans perdre de vue que tout peut arriver. « Diana… En sais-tu plus que ce que tu veux me dire…? » Vos iris se croisent. Vous vous scrutez longuement. Ton visage se secoue légèrement de droite à gauche, les épaules lentement haussées. « J’ai des doutes… mais je préfère en avoir le cœur net avant de venir t’en parler. » Il semble être compréhensif. Silencieusement, tu le remercies. Ces phénomènes dimensionnels peuvent causer bien plus de dégâts que tu ne peux le croire. Tu n’as pas eu l’occasion d'assister à proprement parler de ces manifestations. Les médias télévisés s’en sont chargés. Alors que tu te lèves pour vous ramener de quoi vous rafraîchir le temps de votre discussion à peine débutée, que tu sens des tremblements se former sous tes pieds. Il ne suffit que d’une seule seconde pour être projeté dans un tout autre univers.

Gotham City. Une ville sombre, lugubre. Elle ne ressemble pas à la ville plongée dans la pénombre de l’univers que tu connais. Chaque pas te montre l’intensité du danger dans chacune des rues. Un danger palpable. La criminalité y règne en maître et ne semble jamais s’affaiblir. Gotham vit de jour comme de nuit. Cela semble être plus profond ici. Le Bruce que tu connais n’est pas avec toi. Il doit se poser des milliers de questions… Tu fermes les yeux. Tu souffles un moment. Au plus profond de toi, tu espères que l’inquiétude ne le plonge un peu plus dans une quelconque solitude, comme tu as pu l’être fût un temps. Tes paupières s’ouvrent de nouveau face à un bruit assourdissant, face à un bruit qui aurait pu percer tes tympans si tu n’étais pas une amazone ou une demi déesse. Les sourcils froncés, le regard sérieux et profond, tu t’avances vers ce son. Une agression. Tu en as vu beaucoup trop que pour ne pas agir. Et tu agis, en toute discrétion. Tu agis comme si tu étais un fantôme, une simple lueur qui se déplace et qui dévie tout projectile de son objectif. L’innocente est sauvée et est soignée dans un centre de soins. Toi, ce que tu comptes faire maintenant? Aller à un endroit que tu espères toujours trouver.

C’est à croire que dans chaque univers, dans chaque réalité, le Manoir Wayne demeure celui qu’il sera toujours. Chaque installation, chaque infrastructure se veut être identique, sauf dans quelques modernités que tu peux apercevoir ça et là. L’alarme ne s’est pas déclenchée. De loin, tes pas veulent te rapprocher du majordome occupant les lieux. Tu ne le croises pas, mais tu es certaine qu’il a dû sentir ta présence. Tu as un objectif bien précis en étant ici. Et même s’il ne s’agit pas d’un homme que tu connaîtras, il sera toujours, en partie, celui que tu as connu. Tu l’espères du moins. Tu gagnes les fondations de cette demeure familiale ancestrale. Ce lieu est mythique et légendaire. Tu l’as visité deux ou trois fois dans ton monde et pourtant, il te semble familier en certains endroits. Un faible sourire se dessine sur tes lèvres alors que tu t’es arrêté face à cette immense ordinateur permettant de voir autant tout Gotham que d’effectuer tout analyse éventuelle. Une voix se fait entendre derrière ton dos. Elle est calme, posée, mais sévère et rauque à la fois. Les yeux se baissent et le sourire s’élargit en douceur. Ça ne change pas de ton monde, pas du tout même. « Même si je fais un pas, vous n’arriverez pas à m’atteindre… » Les bras le long du corps, aura qui respire la paix, la justice et la bienveillance, ta lumière se retourne doucement pour faire face à une vision d’un milliardaire que tu ne t’attendais pas. Le regard se veut être pétillant, car ça te fera toujours un petit quelque chose d’être face à un visage qui aurait pu être familier. « Autant puis-je dévoiler le lieu d’où je viens, autant puis-je mettre directement les pieds dans le plat… sans passer par quatre chemins… car vous n’aimez pas les situations qui s’alanguisent de trop… n’est-ce pas Bruce…? Ou… si je puis dire… Batman…? »

La lumière laisse apparaître des pans de murs, plus précisément de roches, aussi lisses que rugueuses. Un tracé avait aménagé les formes naturelles du sol pour en délimiter un périmètre délimitant la zone effective de ce qu’on surnommait la batcave. Des rebords ne possédaient aucune barrière, ni aucune marque de sécurité alors qu’un simple mauvais pas aurait pu induire une chute très douloureuse, pour ne pas dire mortelle, dans une profondeur aléatoire se perdant dans l’obscurité caverneuse des abysses ténébreuses. La Batmobile trônait avec fierté sur une plaque tournante. On y voyait les traits plus allongés et furtifs d’un véhicule évoquant la nuit, l’obscurité et rappelant implicitement le chevalier chauve-souris de par les formes aîlées de la carrosserie arrière. À plusieurs mètres, dans une direction totalement opposée, se révélait les formes indescriptibles du Batwing sur un plateau sur-élevé et dont l’on pouvait s’interroger sur le chemin emprunté pour gagner la voie des airs et des cieux extérieurs. Face à l’hôte imprévue de cet instant, le bat-ordinateur s’affiche de toute sa fierté et toute sa grandeur en laissant transpirer une époque pas totalement moderne et à la pointe de la technologie. Un appareil dans son jus et qui, au sein de ton monde, se trouvait déjà au summum de ce qu’on pouvait attendre d’un ordinateur, ou de tout appareil s’y rapprochant ! Enfin, par une quinzaine de marches dévoilant une autre zone en contrebas, on pouvait y percevoir une table semblant servir autour de laboratoire de recherches que d’analyses. Il y avait aussi de l’équipement vidéo et radio non loin duquel se trouvait une grande porte blindée identique à celles protégeant l’entrée des coffre-forts au sein des banques. Nous n'oublierons pas bien évidemment les sempiternelles chauve-souris vivotant à travers toute l’étendue de la caverne. Dans tous les cas, qu’importe que cela soit bien acheminé ou davantage désuet par rapport à d’autres mondes, d’autres temporalités… ou même d’autres Batman?!

La question de multiples Batman se posait à juste titre depuis l’ouverture de ces portails. Si tu n’avais pas exploré ce qu’il en était en leur sein, tu ne peux nier que l’hypothèse des variantes de toi-même ou d’autres individus se mélangeant au travers de tous les mondes se voulait plausible. Tu avais commencé à entrapercevoir ce qui pouvait arriver ou provenir de ces portails, pas ce qui était impossible. Alors, effectivement, tu as considéré cette éventualité comme plus que probable. Cela allait de pair avec ton scepticisme et ta méfiance ! Il serait mal te connaître de croire que tu pourrais minimiser une possibilité, aussi infime soit-elle, juste pour te rassurer et adoucir la lourdeur d’un problème ! Une question que cette invitée surprise pourrait amener d’elle-même sur le tapis? Eh bien, attendons de voir de quoi il en retourne concrètement…

Un fin rictus en coin, en guise de réaction à sa réplique, se chargea d’exprimer l’unique émotion que ses mots t’inspiraient. Il n’y avait que deux types d’individus pouvant s’exprimer de la sorte. Soit ceux doté d’une inconscience totalement folle renforcée par l’inconnu des dangers que la simple installation de la Batcave pouvait représenter en soi. Soit ceux qui avaient une maîtrise suffisante d’eux-mêmes pour s’estimer à la hauteur de tout danger potentiel. Toi-même te considérant dans cette seconde catégorie, peut-être que cette femme énigmatique y avait tout autant sa place ! Ce que tu ne pouvais nier néanmoins, c’est que sa visite n’était pas un simple hasard. Son apparence, au demeurant charmante et d’une aura dégageant une forme de pureté et de douceur tel que tu n’en n’avais jamais vues à Gotham, affichait trop de décontraction et de calme pour qu’elle soit une vulgaire voleuse ou une quelconque fraudeuse venue découvrir tes secrets les plus sombres. En fait, il était impossible à quiconque ne connaissant pas de base les lieux d’y pénétrer sans déclencher une pluie de mécanisme et de système anti-intrusion. Non. Cette femme était déjà venue ici. Dans un ici différent. Mais un ici appartenant à ce qu’elle connaissait. Pour sa part, les mots qu’elle amène avec elle ne font pas d’une grande pertinence en apparence… Jusqu’à ce qu’elle appuie sur deux aspects réels et excessivement précis. Un aspect de ton caractère et le prénom que tu dissimulais habilement dans les rues de Gotham une fois que tu enfilais le masque.

“Hm. Vous connaissez donc cet endroit… Enfin, une autre version tout du moins.”

Glisses-tu une main dans la poche de ton pantalon en toile alors que ton autre main illustre ses propos en traçant un cercle invisible afin de sous-entendre la Batcave dans son ensemble. Tes traits ne se renfrognent pas, pas plus qu’ils ne se radoucissent cependant. Observation d’une concentration et sévérité neutre, constante, presque imperturbable envers l’étrangère. Bêtise serait de croire que tu délaisses ta prudence naturelle pour autant. Tu ne te jettes pas à son cou pour l’éliminer, ni n’use de ton équipement afin de la réduire au silence, mais davantage pour essayer de comprendre et d’en savoir plus sur ces étranges phénomènes plus que par véritable confiance.

“Si vous cherchez un accès pour faire machine arrière, vous avez frappé à la mauvaise porte.”

Autrement dit, si elle voulait des informations, elle n’en n’aurait pas plus que ce que tu en as. Tu n’avais aucune piste, aucune compréhension, ni aucun facteur ou élément pouvant se relier auxdits phénomènes. Des témoignages parlaient de sauts volontaires, d’apparitions les ayant intriguées et presque appelées… D’autres prétendaient avoir franchi la porte d’une armoire, d’un salon ou même d’un ascenseur avant que tout ne soit différent… Enfin, des derniers se voulaient victimes d’incidents et de changement de monde via des sortes de ‘poches’ pouvant les aspirer. Il y avait tellement à compiler et à assimiler que, bien malheureusement, tu ne pouvais que mener encore et toujours l’enquête. Un oeil avisé aura d’ailleurs pu remarquer que sur la table servant aux analyses se trouvaient bon nombres de schémas et de notes manuscrites mélangées à des impressions de rapports, de témoignages et autres coupures de presse. Le Bat-ordinateur, lui, conservait précieusement ses mystères derrière ses écrans éteints.

“Mais puisque vous êtes ici, vous pourriez déjà commencer par me dire qui vous êtes, et comment vous vous êtes retrouvée là…”

Ne te sentant nullement en danger de par la maîtrise de ton terrain, tu détournes le regard pour justement emprunter les marches venant vers la grande table où traînaient tous les éléments susmentionnés. Bien que ton langage tant verbal que non-verbal n’exprimèrent aucune invitation, ton invitée impromptue n’était nullement entravée d’une quelconque façon que ce soit.