L'inconnu de la nationale 101 - PV Bill
Le recours à Atréju
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Univers : Gravity Falls
Date d'inscription : 28/10/2024
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La nationale 101 est recouverte d'une brume velouté et la lumière matinale de l'automne perse timidement entre les rangés de pins qui bordent la route. Il n'y a pas d'autres âmes sur le chemin, et j'ai comme l'impression d'être le spectateur d'un rêve calme qui a le goût d'un retour à la maison alors que le bruit du moteur me berce. La familiarité des lieux, la solitude félicité après plusieurs jours à esquiver les questions et la chaleur moite du chauffage vieillissant de la vieille automobile me plonge dans un état de torpeur qui pourrait presque céder à la somnolence. Presque, si il n'y avait pas ce sentiment d'urgence et d'angoisse chevillé à mon esprit.
Je me surprend à jeter un regard presque affolé sur le siège passager où repose le livre sombre aux lettres rougeoyantes qui est la source de mes tourments depuis plusieurs semaines. J'ai du inventer une excuse pour pouvoir rentrer seul à Gravity Falls, demandant à Stanley de m'y retrouver seulement dans plusieurs jours, une fois qu'il aura pu récupérer les résultats des échantillons de monstre marin qui sont dans la machine d'analyse du bateau. Je revoie son air bourru et ses sourcils froncés alors qu'il se plaignait -pour la forme j'imagine- d'être laissé seul face à lui-même et à des ongles de krakens. Ce a quoi j'ai rétorqué qu'il ne s'agissait ni d'ongle ni de kraken mais de protubérance chitineuse de Lusca qui lui permet de s'accrocher plus facilement aux bateaux pour les faire sombrer. Je n'ai reçu qu'un regard torve pour mon explication.
Je pense que Stanley est frustré et s'inquiète en constatant que j'ai moins d’appétit et que mon sommeil est plus chaotique encore qu’à l’accoutumé depuis un mois. Cependant, je ne peux pas lui en dire la raison. A personne ; c'est beaucoup trop dangereux. Éviter ses questions est devenu un jeu infernal dans les quelques mètres carrés de notre embarcation. Et même si la solitude de mon voyage vers mon logis me laisse seul face à mes pensées cyclique, je ne peux pas m'empêcher d'y voir une forme de libération. Ce livre. Le livre de Bill. J’ai juste quelque jour pour pouvoir l'étudier librement, relire encore et encore ces pages qui provoquent en moi une euphorie douloureuse et un sentiment d’étouffement. Essayer d'en déceler tous les secrets et tous les pièges. Faire face à mes honteuses erreurs.
Je savais que Bill n’était pas mort, je l’ai su à l’instant où j’ai fais face à sa statue lors de nos « funérailles » improvisés avec Mabel. Car s’il était mort, j’aurais pu passer à autre chose. N’est-ce pas ? Pourtant je me suis complais dans la douceur de leur encouragement, alors que tous les membres de cette famille agissaient comme si je n’avais pas aidé un tyran à rejoindre notre dimension pour la mettre sous son joug. Alors peu importait ce que je voyais dans chaque panneau cédez le passage, ce que je marmonnais sans même m’en rendre compte dans la salle de bain ou encore les traits qui glissaient sous ma plume sans que je ne les empêche. J’ai tenté d’enterrer toutes ces pensées parasites sous le poids de l’aventure et de la routine domestique. Et même si mes actions passées me rattrapent, il est hors de question qu’elles entachent encore le bonheur de cette famille.
Il me semble qu’une cervicale a craqué sous l’impulsion de mon visage qui s’est tourné brutalement vers l’autoradio chantante qui fut pendant un brève instant accompagné de ma propre voix endormie. Je ne peux pas considérer ça comme une coïncidence et mes pupilles glissent vers le papier diabolique du livre de Bill. Je me hâte de trouver le bouton arrondi pour éteindre la radio et quand je redresse les yeux sur la route je vois dans un premier temps le panneau :
Et ce n’est qu’en plissant les paupières que j’aperçois une forme émergeant des brumes, comme un animal bipède. Ou… un humain ?! Mon pied trouve la pédale de freins (que je ne côtoyais pas beaucoup jusqu’à maintenant) et appuie de toutes forces alors que la vieille carlingue crisse de mécontentement. Toute l’accélération prise applique une énorme pression sur ses pièces rouillées et pendant quelques instants j’ai l’impression que ses essieux vont tout simplement céder, ce qui nous conduira, moi et l’inconnu.e, à une mort pour le moins violente. Contre toute attente, elle fini par décélérer brusquement, mon corps se projettant en avant alors que je me cramponne au volant et que ma ceinture rentre dans ma clavicule pour tenir ma position.
La silhouette filiforme du malheureux se dessine comme une ombre chinoise dans le brouillard et finalement, la voiture est presque à l’arrêt quand elle arrive à son niveau. Cependant j’entends tout de même un « bonk » que je ne n’aime pas du tout. « Bonk » ne veut pas dire que tout obstacle à été évité. Avant même d’avoir retrouvé mes esprits et une vision nette, je sors de la voiture en trombe. Je veux dire quelque chose mais je ne sais pas même pas quoi dire.
« Oh seigneur, tout va bien ? » Je ne suis pas sûr que la question ait beaucoup de sens. Car évidemment TOUT ne va pas bien. A moins que le but de cet individu était de se faire écraser. Mais comme il ne s’agit ni d’un parfaite échec ni d’une parfaite réussite, il n’y aucun cas de figure où ce n’est pas juste frustrant.
Je me surprend à jeter un regard presque affolé sur le siège passager où repose le livre sombre aux lettres rougeoyantes qui est la source de mes tourments depuis plusieurs semaines. J'ai du inventer une excuse pour pouvoir rentrer seul à Gravity Falls, demandant à Stanley de m'y retrouver seulement dans plusieurs jours, une fois qu'il aura pu récupérer les résultats des échantillons de monstre marin qui sont dans la machine d'analyse du bateau. Je revoie son air bourru et ses sourcils froncés alors qu'il se plaignait -pour la forme j'imagine- d'être laissé seul face à lui-même et à des ongles de krakens. Ce a quoi j'ai rétorqué qu'il ne s'agissait ni d'ongle ni de kraken mais de protubérance chitineuse de Lusca qui lui permet de s'accrocher plus facilement aux bateaux pour les faire sombrer. Je n'ai reçu qu'un regard torve pour mon explication.
Je pense que Stanley est frustré et s'inquiète en constatant que j'ai moins d’appétit et que mon sommeil est plus chaotique encore qu’à l’accoutumé depuis un mois. Cependant, je ne peux pas lui en dire la raison. A personne ; c'est beaucoup trop dangereux. Éviter ses questions est devenu un jeu infernal dans les quelques mètres carrés de notre embarcation. Et même si la solitude de mon voyage vers mon logis me laisse seul face à mes pensées cyclique, je ne peux pas m'empêcher d'y voir une forme de libération. Ce livre. Le livre de Bill. J’ai juste quelque jour pour pouvoir l'étudier librement, relire encore et encore ces pages qui provoquent en moi une euphorie douloureuse et un sentiment d’étouffement. Essayer d'en déceler tous les secrets et tous les pièges. Faire face à mes honteuses erreurs.
Je savais que Bill n’était pas mort, je l’ai su à l’instant où j’ai fais face à sa statue lors de nos « funérailles » improvisés avec Mabel. Car s’il était mort, j’aurais pu passer à autre chose. N’est-ce pas ? Pourtant je me suis complais dans la douceur de leur encouragement, alors que tous les membres de cette famille agissaient comme si je n’avais pas aidé un tyran à rejoindre notre dimension pour la mettre sous son joug. Alors peu importait ce que je voyais dans chaque panneau cédez le passage, ce que je marmonnais sans même m’en rendre compte dans la salle de bain ou encore les traits qui glissaient sous ma plume sans que je ne les empêche. J’ai tenté d’enterrer toutes ces pensées parasites sous le poids de l’aventure et de la routine domestique. Et même si mes actions passées me rattrapent, il est hors de question qu’elles entachent encore le bonheur de cette famille.
That as you saw me go
I was singing this song
« We'll meet again
Don't know where
Don't know when »
I was singing this song
« We'll meet again
Don't know where
Don't know when »
Il me semble qu’une cervicale a craqué sous l’impulsion de mon visage qui s’est tourné brutalement vers l’autoradio chantante qui fut pendant un brève instant accompagné de ma propre voix endormie. Je ne peux pas considérer ça comme une coïncidence et mes pupilles glissent vers le papier diabolique du livre de Bill. Je me hâte de trouver le bouton arrondi pour éteindre la radio et quand je redresse les yeux sur la route je vois dans un premier temps le panneau :
GRAVITY FALLS
15 miles
←
15 miles
←
Et ce n’est qu’en plissant les paupières que j’aperçois une forme émergeant des brumes, comme un animal bipède. Ou… un humain ?! Mon pied trouve la pédale de freins (que je ne côtoyais pas beaucoup jusqu’à maintenant) et appuie de toutes forces alors que la vieille carlingue crisse de mécontentement. Toute l’accélération prise applique une énorme pression sur ses pièces rouillées et pendant quelques instants j’ai l’impression que ses essieux vont tout simplement céder, ce qui nous conduira, moi et l’inconnu.e, à une mort pour le moins violente. Contre toute attente, elle fini par décélérer brusquement, mon corps se projettant en avant alors que je me cramponne au volant et que ma ceinture rentre dans ma clavicule pour tenir ma position.
La silhouette filiforme du malheureux se dessine comme une ombre chinoise dans le brouillard et finalement, la voiture est presque à l’arrêt quand elle arrive à son niveau. Cependant j’entends tout de même un « bonk » que je ne n’aime pas du tout. « Bonk » ne veut pas dire que tout obstacle à été évité. Avant même d’avoir retrouvé mes esprits et une vision nette, je sors de la voiture en trombe. Je veux dire quelque chose mais je ne sais pas même pas quoi dire.
« Oh seigneur, tout va bien ? » Je ne suis pas sûr que la question ait beaucoup de sens. Car évidemment TOUT ne va pas bien. A moins que le but de cet individu était de se faire écraser. Mais comme il ne s’agit ni d’un parfaite échec ni d’une parfaite réussite, il n’y aucun cas de figure où ce n’est pas juste frustrant.
Ygramul, la multiple
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Univers : Gravity Falls.
Les crédits : Terpsykore, Insomnium.
Date d'inscription : 28/10/2024
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Ce corps humain est parfaitement minable, les défauts de conception sont SCANDALEUX ; une vraie passoire thermique, non seulement le vent s'engouffre comme dans un hall de gare, fait claquer les mâchoires (32 dents, seulement? Autant dire que c'est inadapté dans la plupart des situations mondaines) mais EN PLUS le chauffage embarqué (rudimentaire) demande une énergie FOLLE! Chaque pas en avant (ou de côté, soit, allez piloter un engin aussi peu maniable!) est plus pénible et outrageant que le précédent. Ne parlons même pas des déperditions.
Ce n'est pas la première fois que Bill récupère un navire fait de chairs à la dérive.
Et OUI, la douleur est hilarante.
Vous n'avez jamais entendu parler de la notion de consentement? Posséder un être inférieur le temps d'une rigolade ou deux, c'est une chose, un choix actif et éclairé, mais se retrouver enfermé dans un cockpit aussi engoncé sans pouvoir sonner la fin de la récré? PIRE ENCORE ressentir non pas une douleur vive et vivifiante mais une lourdeur faiblarde et ankylosée? Parfaitement INADMISSIBLE.
Ce réceptacle ridicule n'a même pas été livré avec un skin convenable, Cipher traîne une carcasse longiligne et mal fagotée. Sa chemise mal cintrée est boueuse, les lacets de ses mocassins se perdent sous ses semelles.
Bill est contrarié (la tiédeur de l'euphémisme c'est tout ce que l'Axolotl mérite. Hors de question de lui faire le plaisir de péter un plomb).
Il ne sait même pas bien ce qu'il fait là,
Il blâme par défaut la carence en connections logiques de la cervelle où il est enfermé, neurones insuffisantes, pas assez alignées et gangrénées par un émotionnel reptilien, archaïque, juste PRIMAIRE.
Sa statue est toujours là, à moitié enlisée dans un sol meuble et autour d'elle toujours ce silence de plomb comme si personne ne voulait vivre dans le coin. C'est parfois l'effet qu'il a sur les gens.
Bill se souvient des "funérailles" organisées par Shooting Star pour le bien du processus de deuil de Sixer. Il paraît que les humains ont besoin de temps spéciaux dans ces cas-là.
HA-HA, c'est ridicule. Comme si Ford pouvait avancer vers un quelconque renoncement. Leur histoire c'est pour toujours et à jamais même si le plus frileux des deux doit être contraint et forcé pour assumer ses besoins irréductibles, il faut juste trouver la bonne pédagogie avec un animal capricieux.
N'est-ce pas?
Pourquoi Ford a-t-il trouvé bon de se prêter à une mascarade aussi gamine et inutile? Pourquoi il y avait-il dans son regard quelque chose de doux-amer qu'on ne sort que pour les grandes occasions?
C'est sans importance!
Bill ne fait pas attention à la tension qui parcourt son corps, parce qu'il n'en a pas envie, parce qu'il sait botter en touche et se mentir jusqu'à ce que tout soit plus convenable. La colère est amplement plus simple, directe, disons même fonctionnelle.
Alors, s'il avance comme une marionnette à laquelle on aurait coupé les fils c'est uniquement dû à un manque physiologique qui entraîne dans son sillage une relative perte de concentration. Rien de plus. Un être fait de PURE ENERGIE ne peut décemment pas avoir l'esprit accaparé par une seule et unique question.
Et s'il n'évite pas la voiture qui dévale la distance c'est, démontrable avec quelques chiffres accessible au plus arriéré des chimpanzés, 1) parce que la vitesse de réaction humaine est pathétique, 2) parce que le conducteur EST UN HUMAIN. Corrélation est causalité dans ce cas-là.
Bill se retrouve valdingué par-dessus l'habitacle et, l'espace d'une seconde, ses yeux s'éteignent comme si on avait coupé l'alimentation électrique. Lorsqu'il revient à lui, impossible d'estimer le temps de veille, mais visiblement cette stupide cervelle a eu le temps de chopper des fourmis - sa tête est vertigineuse! C'est comparable à un tour dans un machine à milkshake, l'ivresse en moins.
Il bondit sur ses pieds comme un diable à ressorts, tangue de manière ample comme s'il valsait avec le rien, pose les poings sur ses hanches pour confronter l'abruti du jour qui lui a fait voir des étoiles. Mais pas les bonnes.
Une éviscération serait récréative et puis un foie en bonne santé c'est un indémontable (car pas si fréquent, les humains adorent s'esquinter et rien assumer derrière), ça se vend donc à prix d'or.
Ses cils montent et descendent comme si l'information peinait à bien s'imprimer sur ses rétines (sûrement la faute à cette vision stéréoscopique).
Sixer?
Soyons sérieux, le croiser ici n'est pas vraiment improbable étant donné que c'est sûrement ce qui ressemble le plus à une adresse fiscale pour ce fieffé baroudeur. C'est même parfaitement attendu et entendu.
Et, pourtant, c'est comme si un brasier s'était jeté dans ses veines et que celles-ci étaient remplies d'alcool. Bill n'a pas l'habitude de ressentir quelque chose d'aussi physique, d'aussi accaparant.
Un instant il dévisage Ford, mélangé entre des émotions contraires et indéfinissables qui s'entre-dévorent et qui ne doivent donc pas être franchement intelligibles ou traductibles ; 1) parce que le faciès humain est extrêmement pauvre en expressivité (sinon ils n'auraient pas autant besoin des emojis), 2) parce que le gros nerd qui est planté devant lui a une compétence sociale située entre - l'infini et 0.
Cipher retombe sur ses pattes. La réalité est une illusion et ce n'est pas parce qu'il est bloqué dans un esprit étriqué, uniquement capable de concevoir le grand tableau par le minuscule judas de ses terminaisons nerveuses faiblardes et des hormones, qu'il compte perdre de vue l'in-importance généralisée qui fait bien ses affaires.
Rien de mieux que de voir une opportunité là où les nazes et autres ouinouineurs verraient une drame relationnel. Il n'y a jamais eu de relation. Remettons Ford dans la boîte à outils.
Cipher connait parfaitement le laboratoire de son cher et tendre partenaire. Il sait exactement ce qu'il veut y récupérer pour se redonner un peu de poil de la bête. Et, s'il peut atteindre ce qu'il reste du portail, les opportunités sont multipliées par 42. La clé sur pattes se trouve devant lui et, en plus, elle lui en doit bien une.
C'est un masque sur-mesure qui retombe sur ses traits fins et, malgré sa vision trouble et le fait qu'il rate l'épaule de Sixer lorsqu'il essaie de la tapoter, il minaude. "Laissez-moi deviner, vous vouliez tenter le crime par-fait en dégommant un parfait inconnu? Vous avez la tête d'un type qui veut marquer l'histoire! Mais si c'est votre dada, va falloir renouveler l'expérience 94 fois pour dépasser le tenant du titre! Et mieux viser!" Il rit et même s'il est en général bon public, là ça grippe un peu, comme un vieux moteur qui rechigne à démarrer.
Comment Ford ose t-il s'adresser à lui de manière si familière et ce sans savoir qui il est vraiment? On joue les bons samaritains soucieux et effarouchés? Criant problème de comportement. "Il va falloir me terminer à l'abris des regards indiscrets," un clin d'œil coquin et il poursuit "si vous êtes du coin, j'vous recommande de m'emmener dans un cabanon sordide et SURTOUT faites des croquis expressionnistes de mon cadavre - les murderabilia sont à la mode et les tout le monde ADORE les timbrés créatifs!"
Pourquoi est-ce que Bill boucle sur ce sujet-là? Pourquoi est-ce que sa voix joueuse trahit une pointe d'accusation? C'est évident et, toujours, sans importance. Il ne se cache même pas tellement, il pourra toujours plaider le traumatisme crânien, s'il décide de s'amuser comme ça.
"BREF, soyons sérieux! Je crois que vous me devez... un rafraichissement, au grand minimum!" Ses lèvres sèches et presque prêtes à craqueler jouent en sa faveur et il en est très conscient.
Ce n'est pas la première fois que Bill récupère un navire fait de chairs à la dérive.
Et OUI, la douleur est hilarante.
Vous n'avez jamais entendu parler de la notion de consentement? Posséder un être inférieur le temps d'une rigolade ou deux, c'est une chose, un choix actif et éclairé, mais se retrouver enfermé dans un cockpit aussi engoncé sans pouvoir sonner la fin de la récré? PIRE ENCORE ressentir non pas une douleur vive et vivifiante mais une lourdeur faiblarde et ankylosée? Parfaitement INADMISSIBLE.
Ce réceptacle ridicule n'a même pas été livré avec un skin convenable, Cipher traîne une carcasse longiligne et mal fagotée. Sa chemise mal cintrée est boueuse, les lacets de ses mocassins se perdent sous ses semelles.
Bill est contrarié (la tiédeur de l'euphémisme c'est tout ce que l'Axolotl mérite. Hors de question de lui faire le plaisir de péter un plomb).
Il ne sait même pas bien ce qu'il fait là,
Il blâme par défaut la carence en connections logiques de la cervelle où il est enfermé, neurones insuffisantes, pas assez alignées et gangrénées par un émotionnel reptilien, archaïque, juste PRIMAIRE.
Sa statue est toujours là, à moitié enlisée dans un sol meuble et autour d'elle toujours ce silence de plomb comme si personne ne voulait vivre dans le coin. C'est parfois l'effet qu'il a sur les gens.
Bill se souvient des "funérailles" organisées par Shooting Star pour le bien du processus de deuil de Sixer. Il paraît que les humains ont besoin de temps spéciaux dans ces cas-là.
HA-HA, c'est ridicule. Comme si Ford pouvait avancer vers un quelconque renoncement. Leur histoire c'est pour toujours et à jamais même si le plus frileux des deux doit être contraint et forcé pour assumer ses besoins irréductibles, il faut juste trouver la bonne pédagogie avec un animal capricieux.
N'est-ce pas?
Pourquoi Ford a-t-il trouvé bon de se prêter à une mascarade aussi gamine et inutile? Pourquoi il y avait-il dans son regard quelque chose de doux-amer qu'on ne sort que pour les grandes occasions?
C'est sans importance!
Bill ne fait pas attention à la tension qui parcourt son corps, parce qu'il n'en a pas envie, parce qu'il sait botter en touche et se mentir jusqu'à ce que tout soit plus convenable. La colère est amplement plus simple, directe, disons même fonctionnelle.
Alors, s'il avance comme une marionnette à laquelle on aurait coupé les fils c'est uniquement dû à un manque physiologique qui entraîne dans son sillage une relative perte de concentration. Rien de plus. Un être fait de PURE ENERGIE ne peut décemment pas avoir l'esprit accaparé par une seule et unique question.
Et s'il n'évite pas la voiture qui dévale la distance c'est, démontrable avec quelques chiffres accessible au plus arriéré des chimpanzés, 1) parce que la vitesse de réaction humaine est pathétique, 2) parce que le conducteur EST UN HUMAIN. Corrélation est causalité dans ce cas-là.
Bill se retrouve valdingué par-dessus l'habitacle et, l'espace d'une seconde, ses yeux s'éteignent comme si on avait coupé l'alimentation électrique. Lorsqu'il revient à lui, impossible d'estimer le temps de veille, mais visiblement cette stupide cervelle a eu le temps de chopper des fourmis - sa tête est vertigineuse! C'est comparable à un tour dans un machine à milkshake, l'ivresse en moins.
Il bondit sur ses pieds comme un diable à ressorts, tangue de manière ample comme s'il valsait avec le rien, pose les poings sur ses hanches pour confronter l'abruti du jour qui lui a fait voir des étoiles. Mais pas les bonnes.
Une éviscération serait récréative et puis un foie en bonne santé c'est un indémontable (car pas si fréquent, les humains adorent s'esquinter et rien assumer derrière), ça se vend donc à prix d'or.
Ses cils montent et descendent comme si l'information peinait à bien s'imprimer sur ses rétines (sûrement la faute à cette vision stéréoscopique).
Sixer?
Soyons sérieux, le croiser ici n'est pas vraiment improbable étant donné que c'est sûrement ce qui ressemble le plus à une adresse fiscale pour ce fieffé baroudeur. C'est même parfaitement attendu et entendu.
Et, pourtant, c'est comme si un brasier s'était jeté dans ses veines et que celles-ci étaient remplies d'alcool. Bill n'a pas l'habitude de ressentir quelque chose d'aussi physique, d'aussi accaparant.
Un instant il dévisage Ford, mélangé entre des émotions contraires et indéfinissables qui s'entre-dévorent et qui ne doivent donc pas être franchement intelligibles ou traductibles ; 1) parce que le faciès humain est extrêmement pauvre en expressivité (sinon ils n'auraient pas autant besoin des emojis), 2) parce que le gros nerd qui est planté devant lui a une compétence sociale située entre - l'infini et 0.
Cipher retombe sur ses pattes. La réalité est une illusion et ce n'est pas parce qu'il est bloqué dans un esprit étriqué, uniquement capable de concevoir le grand tableau par le minuscule judas de ses terminaisons nerveuses faiblardes et des hormones, qu'il compte perdre de vue l'in-importance généralisée qui fait bien ses affaires.
Rien de mieux que de voir une opportunité là où les nazes et autres ouinouineurs verraient une drame relationnel. Il n'y a jamais eu de relation. Remettons Ford dans la boîte à outils.
Cipher connait parfaitement le laboratoire de son cher et tendre partenaire. Il sait exactement ce qu'il veut y récupérer pour se redonner un peu de poil de la bête. Et, s'il peut atteindre ce qu'il reste du portail, les opportunités sont multipliées par 42. La clé sur pattes se trouve devant lui et, en plus, elle lui en doit bien une.
C'est un masque sur-mesure qui retombe sur ses traits fins et, malgré sa vision trouble et le fait qu'il rate l'épaule de Sixer lorsqu'il essaie de la tapoter, il minaude. "Laissez-moi deviner, vous vouliez tenter le crime par-fait en dégommant un parfait inconnu? Vous avez la tête d'un type qui veut marquer l'histoire! Mais si c'est votre dada, va falloir renouveler l'expérience 94 fois pour dépasser le tenant du titre! Et mieux viser!" Il rit et même s'il est en général bon public, là ça grippe un peu, comme un vieux moteur qui rechigne à démarrer.
Comment Ford ose t-il s'adresser à lui de manière si familière et ce sans savoir qui il est vraiment? On joue les bons samaritains soucieux et effarouchés? Criant problème de comportement. "Il va falloir me terminer à l'abris des regards indiscrets," un clin d'œil coquin et il poursuit "si vous êtes du coin, j'vous recommande de m'emmener dans un cabanon sordide et SURTOUT faites des croquis expressionnistes de mon cadavre - les murderabilia sont à la mode et les tout le monde ADORE les timbrés créatifs!"
Pourquoi est-ce que Bill boucle sur ce sujet-là? Pourquoi est-ce que sa voix joueuse trahit une pointe d'accusation? C'est évident et, toujours, sans importance. Il ne se cache même pas tellement, il pourra toujours plaider le traumatisme crânien, s'il décide de s'amuser comme ça.
"BREF, soyons sérieux! Je crois que vous me devez... un rafraichissement, au grand minimum!" Ses lèvres sèches et presque prêtes à craqueler jouent en sa faveur et il en est très conscient.