[libre] une impression de déjà vu

Tu avais tenu à retourner sur Veldin. Cette petite planète à première vue austère vu d’en haut, mais qui ne l’est pas tant, puisqu’elle possède des environnements variés, bien que sec. Tu étais retourné au garage, comme un retour aux sources nécessaires. Ta dernière aventure à travers les dimensions t’avait particulièrement secoué. Une part non-négligeable de terreur s’y trouvait, parce que l’appréhension te rongeait. Tu avais ruminé tes pensées en te demander si tu étais à la hauteur de tes semblables, si tu n’allais pas les décevoir et surtout, si tu n’allais pas décevoir Rivet. Sacrée Lombax que cette dernière. Quand elle a appris que le robot de combat ayant volé son bras était la partenaire que tu lui avais proposé, tu as bien cru que les deux filles n’accepteraient jamais. Tu t’es lourdé en beauté.

À présent elles étaient reparties et tu ne sais pas quand tu les reverras. Si vous les reverrez tout court, en faites. « Tu es dans la lune, Ratchet ? » - « Quoi ? Non-non, j’suis bien là, hé hé ! » Tu rigoles faussement. Tu ne veux pas que ton meilleur ami se fasse du souci pour toi et tu retournes aux modifications de ton vaisseau. Tu veux y incorporer une copie de la carte dimensionnelle que vous avez réussi à récupérer des griffes de Nefarious.
Tu te demandes où il se trouve et quel mauvais coup il prépare cette fois-ci. Malgré tout, tu l’as vu agir dans l’intérêt commun, même si c’était purement égoïste et revanchard, en n’aidant en rien l’Empereur. Traité comme de la vermine, même par son propre double. Si ça, ce n’est pas un signe du destin, tu ne sais plus quoi faire pour lui faire entendre raison. Cela faisait quelques mois déjà que vous n’avez pas vécu une vraie aventure. Tu t’ennuyais de ton quotidien, à répondre à des appels de détresses mineurs. Tu regretterais presque qu’il n’y ait aucune menace à l’échelle cosmique qui vous tourne autour.

« Tu veux bien me passer le transformateur, Clank ? » Le petit robot exécute sans dire un mot. Si cela ne t’interpelle pas durant les premières minutes, ça devient un peu plus intriguant lorsqu’il insiste dans son silence tout en te fixant.

Alors ton dernier coup de clé est sec sans trop l’être, voir passablement agacé mais fatigué en même temps. Tu te laisses glissé en dehors des dessous de ton vaisseau, ta fourrure tâchée de cambouis sur tes joues et ton front, puis tu regardes ton comparse. « Qu’est-ce qu’il y a ? » - « C’est une question que je me pose, en effet, à ton sujet. D’après mes analyses, ce n’est pas moi qui semble dans le mal, mais bel et bien toi, alors je te retourne la question : qu’est-ce que tu as ? » De vous deux, c’est très certainement Clank le plus malin et ça, tu ne pourras jamais le contredire. Tu aimerais parfois que ton compagnon de galère ne soit pas aussi perspicace et qu’il ne s’inquiète pas. Qu’il ne cherche même pas à comprendre. Cependant s’il l’était moins, tu n’aurais personne avec qui parler de tes problèmes ou même parler tout court pour dire ce qui te pèse sur la conscience. Alors tu pousses un soupir résigner. C’était un débat interne perdu d’avance ; Clank est le mieux placé pour trouver une solution.

« Elle me manque, Clank. En plus de ça, regardes nous ; retour à notre quotidien de héro, loin d’une aventure. Je n’ai pas demandé à devenir le chef des rangers et j’en veux presque à Qward de s’être dédouané. Me rouiller dans un coin, ça me terrifie. » Tu soupires à la fin de ta tirade, presque gêné par tes propres aveux. Gêné de te plaindre, une fois de plus. Clank quant à lui te regarde, ses paupières mécaniques cliquetèrent un instant, avant que ses yeux verts LEDS te fixe. « Si tu t’ennuies, pourquoi ne partirions-nous pas en quête d’une nouvelle aventure. Je suis certain que ce ne sont pas les possibilités qui manqueront, une fois que nous aurons rendu le GPS de notre vaisseau débridé de toute limite dimensionnelle. Nous pourrons même revoir Kit et Rivet. Les rangers ne nous en voudront pas, si nous nous mettons en indisponibilité quelques temps. » Tu fixes Clank et tu as comme la sensation que lui-aussi, les filles lui manquent. Ou plutôt Kit. Un sourire malicieux tord tes babines, alors que l’éclat de tes crocs apparaît dans un sourire sournois.

Cependant !

Avant que tu n’aies le temps de faire remarquer quoi que ce soit, une explosion retentie à l’extérieur. Elle vous surprend, tous les deux et après vous êtes échangé un regard, vous vous mettez d’accord pour sortir vérifier ce qui se passe. Tu cales Clanks dans ton dos et tu attrapes ta clé à molette, avant de te précipiter à l’extérieur. À peine la porte franchie, tu voies qu’une épaisse fumée grise se dirige vers le ciel et que les crapauds de Kyzil, pourtant brave au point de vouloir vous croquer les mollets, semble cette fois-ci fuir quelque chose ou quelqu’un.